14 mai 2009

La triste de vie d'une opposante

Principale figure de l’opposition birmane, Aung San Suu Kyi, qui était assignée à résidence depuis 2003, a été transférée dans une prison birmane plus tôt aujourd’hui. Devenue un emblème du pacifisme depuis qu’elle a gagné le prix Nobel pour la paix en 1991 et elle est maintenant mondialement connue. Fille d’Aung San, qui avait négocié l’indépendance de la Birmanie dans les années 1940.
Aung San Suu Kyi quitte la Birmanie afin d'étudier en Grande-Bretagne où elle se marie. Elle vivra aussi quelque temps à New-York pour des fins professionnelles. Elle ne remettra les pieds en Birmanie qu'en 1988, afin d'être au chevet de sa mère gravement malade. C’est alors qu’elle décide de se lancer en politique, influencée notamment par les idées du Mahatma Gandi. Elle participe alors à la fondation de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND). En 1990, les élections organisées par la junte militaire ont lieu et c’est la LND qui remporte (très largement) le scrutin. Furieux, les militaires annulent donc les élections et Aung San Suu Kyi est en liberté provisoire, ce qui signifie qu’elle ne peut quitter le pays. En 1995, elle est libérée, mais on lui affirme que si elle quitte la Birmanie, elle ne pourra plus jamais y remettre les pieds. En 1997, alors que son mari est très malade, on refuse l’accès à ce dernier à la Birmanie et Aung San Suu Kyi ne peut sortir du pays. Elle ne reverra jamais son mari, qui meurt en 1999, ni ses enfants, installés en Angleterre. Elle est assignée à résidence depuis 2003 environ, et a fait depuis six ans de courts séjours en prison. La loi birmane autorise une détention de cinq ans maximum. Au bout de ces cinq années, le détenu doit avoir subi ou être sur le point de subir un procès. L’an dernier, les autorités birmanes ont marché sur des œufs puisque les cinq ans étaient écoulés et qu'Aung San Suu Kyi n'avait toujours pas été poursuivi.

Cette semaine, Aung San Suu Kyi a été accusée d’avoir hébergé illégalement un vétéran américain, qui se serait introduit dans sa maison bordée par un lac à la nage. Il s’y serait caché deux jours durant, ce qui a soulevé l’ire de la junte militaire, qui a décidé de transférer Aung San Suu Kyi dans une prison près de Rangoun. Les États-Unis, l'Europe et plusieurs autres pays dénoncent cette arrestation.

Les informations concernant la santé de Aung San Suu Kyi étaient déjà mauvaises au début du mois, la femme de 63 ans ayant été placée sous perfusion récemment, souffrant notamment de déshydratation.

Son procès s’ouvrira donc le 18 mai prochain, selon ce qui a été publié dernière dans les journaux. Elle y sera accusée notamment de violation d’une loi birmane qui a pour but principal de protéger l’État des « dangers émanant d’éléments subversifs ». Déjà, les médias proches de la junte militaire ont organisé une campagne de dénigremet d'Aung San Suu Kyi.

Je trouve un peu bizarre que cet homme se soit introduit chez Aung San Suu Kyi alors que la junte birmane se devait de faire un procès à Aung San Suu Kyi et que les militaires retardaient ce moment car Mme Suu Kyi n’avait commis aucun crime ni violé aucune loi depuis 2003. Cette invasion du domicile d’Aung San Suu Kyi, alors qu’il lui était interdit de recevoir des visites tombe à point pour la junte birmane, qui dispose désormais d’un motif pour la poursuivre.

Anaïs CHABOT

1 commentaire:

  1. Les dictatures militaires se formalisent peu de prétextes, l'Histoire en fait la démonstration.
    Ce qui me fascine avec le Myanmar, c'est le destin qui lie cette femme à la junte, ils se fondent un dans l'autre et à l'unisson éveil de temps à autre la clameur hypocrite de l'Occident.
    Un peu comme à la campagne lorsque le silence s'éternise les grenouilles reprennent leur chant strident mais, ô comment, totalement inofensif!

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