23 juin 2009

Doit-on bannir les images-choc des médias ?




En regardant hier au Téléjournal les images de la mort de Neda, cette manifestante iranienne tuée en pleine rue à Téhéran, j’ai commencé à m’interroger sur l’utilité de montrer de telles images à la télévision. J’ai ensuite continué ma réflexion en lisant un article dans l’édition actuelle du Courrier International. Le journaliste du Bangkok Post s’interrogeait sur la pertinence de publier des photos de cadavres, comme ce fut le cas dans les journaux thaïlandais, qui ont publié des photos du corps de l’acteur américain David Carradine, retrouvé pendu dans un hôtel de Bangkok, et autres photos «gore».

Ces photos ou images sont diffusées par sensationnalisme. Dans le cas des journaux, on pense vendre plus de copies. Dans le cas de la télévision, c’est pour s’assurer de conserver son audimat. Mais quel respect cela démontre-t-il pour la victime, et surtout pour ces proches qui tombent sur ces images, en plein deuil ? Oui Neda est devenue un icône, une martyre même aux yeux de ceux qui sortent dans la rue tous les jours en Iran. Mais était-ce véritablement nécessaire de filmer son agonie et de nous repasser par la suite les images en boucle ?

C’est un problème d’éthique devant lequel se retrouvent les médias et auquel je n’ai pas de réponse. Tant que le public ne réagira pas, ne se plaindra pas à ces médias, ils continueront à publier et diffuser ce genre d’image.
Et comme le dit si bien le journaliste Sanitsuda Ekachai du Bangkok Post[i], « Il y a une question beaucoup plus simple à poser à ceux qui ont décidé de publier ces photos : pourquoi faire à d’autres ce que vous ne voudriez pas qu’on fasse à vos fils et à vos files ? Regardez-vous dans le miroir et répondez ! »


[i] « Les photos gore, ça suffit ». Courrier international n°972 (Du 18 au 24 juin 2009) p.29
Anaïs Chabot

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire